Les partisans des Flames attendaient son arrivée dans la LNH avec impatience et ces derniers n’auront pas été déçus. Après avoir dominé dans la NCAA, Johnny Gaudreau connaît énormément de succès à sa saison recrue dans la LNH. Il est même impliqué dans une chaude lutte pour le titre de recrue de l’année avec Filip Forsberg des Prédateurs de Nashville et Aaron Ekblad des Panthers de la Floride.
Pourtant, plusieurs étaient sceptiques à l’aube de la saison 2014-2015 en ce qui concerne le possible succès que le numéro 13 des Flames pourrait connaître lorsqu’il effectuerait ses premiers coups de patin dans la LNH. La raison? Son gabarit. À cinq pieds et neuf pouces et 150 livres, c’est effectivement difficile de garantir qu’un joueur de cette stature réussira à tirer son épingle du jeu dans une ligue où on prône les joueurs avec des gros gabarits. Cependant, après un lent début de saison, l’attaquant de 21 ans ne cesse d’accumuler des points et s’il continue à ce rythme, il pourrait terminer la saison avec 65 points, ce qui n’est pas si mal pour une recrue. Présentement, il affiche un dossier de 12 buts et 17 mentions d’aide en 36 matchs.
Toutefois, il ne faut pas s’attarder seulement aux statistiques pour constater que Gaudreau est un excellent joueur de hockey. Il faut le voir jouer. C’est un joueur très rapide et très habile avec la rondelle. Même si certains soirs il est blanchi, il aura tout de même créé des chances de marquer. Bref, c’est un joueur que les 29 autres équipes prendraient probablement dans leur formation si elles en avaient la possibilité.
Personnellement, le dernier joueur que j’ai vu connaître autant de succès malgré un petit gabarit, c’est Martin St-Louis. Oui, on peut également mentionner le nom de Brendan Gallagher, mais le potentiel offensif du petit joueur du Tricolore est beaucoup moins élevé que celui de Gaudreau et il faut avouer que Gallagher ne deviendra jamais un joueur d’élite dans la LNH. Même chose pour Brad Marchand avec les Bruins.
Évidemment, je ne veux pas affirmer que Gaudreau est le prochain Martin St-Louis, car on parle quand même d’une comparaison injuste entre un joueur de 21 ans qui dispute présentement sa première saison dans la LNH versus un vétéran de 39 ans qui a pris part à 1093 rencontres dans la meilleure ligue en Amérique du Nord. Cependant, il est juste d’affirmer que nous pouvons, jusqu’à un certain point bien sûr, faire des parallèles entre les deux individus.
Pour commencer, le style de jeu des deux attaquants se ressemble beaucoup. Les deux joueurs misent beaucoup sur leur vitesse et ils sont très bien outillés offensivement. Ils peuvent marquer des buts tout en alimentant leurs coéquipiers. En résumé, ils sont très dangereux lorsqu’ils ont la rondelle.
Ensuite, les deux ont dominé dans la NCAA. Martin St-Louis a dominé avec l’Université du Vermont, terminant au premier rang des marqueurs de son équipe lors de son passage de quatre saisons dans le circuit américain. En 139 rencontres, il a marqué 91 buts en plus d’ajouter 176 passes à sa fiche. Du côté de Gaudreau, il a disputé une saison de moins dans la NCAA, mais il a tout de même affiché des statistiques intéressantes. En 119 rencontres dans l’uniforme de Boston College, il a touché la cible à 78 reprises en plus d’être complice sur 97 buts de ses coéquipiers. Si on fait la comparaison entre les deux joueurs, ça donne ceci :
Johnny Gaudreau : 1,47 pts par match
Martin St-Louis : 1,92 pts par match
St-Louis éclipse Gaudreau lors de son passage aux États-Unis, mais sa longue route vers la LNH pourrait donner un avantage à l’ailier gauche américain. Le Québécois de 39 ans a commencé à démontrer qu’il avait sa place dans la LNH à l’âge de 27 ans alors qu’il avait récolté 40 points en 78 matchs à sa première saison avec le Lightning de Tampa Bay. Dans le cas de Gaudreau, il a déjà un impact dans la ligue à l’âge de 21 ans dans l’uniforme des Flames. On peut toujours blâmer ces mêmes Flames de ne pas avoir donné une réelle chance à St-Louis lorsqu’il faisait partie de l’organisation entre les années 1998 et 2000, mais malheureusement, on ne peut pas réécrire l’histoire.
Il ne faut pas toutefois crier victoire trop rapidement en ce qui concerne Gaudreau. La LNH a beaucoup changé depuis l’époque ou St-Louis faisait ses débuts dans la LNH. La ligue est beaucoup plus robuste et plus rapide et le fléau des commotions cérébrales et toujours présent et il ne semble pas vouloir disparaître. Gaudreau pourrait être à 2 ou 3 solides mises en échecs près de mettre fin à sa carrière. Parlez-en à Blake Geoffrion du CH qui a dû se retirer suite à une percutante mise en échec de Jean-Philippe Côté. La LNH est une ligue beaucoup plus exigeante qu’il y a quelques années donc la carrière de Gaudreau et même de plusieurs autres joueurs à petit gabarit pourraient être plus courtes. Si Gaudreau peut éviter les blessures et jouer jusqu’à environ 35 ans, il pourrait très bien suivre les pas du numéro 26 des Rangers, mais il devra être productif pour essayer de battre la production offensive de St-Louis, soient 1007 points en 1093 matchs.
Le vrai test commence maintenant
Même si tout va bien pour Gaudreau jusqu’à maintenant, il a encore une chose importante à prouver. Il doit être en mesure de prouver qu’il est capable de monter son jeu d’un cran lorsque la deuxième moitié de saison prendra son envol. On sait tous que le jeu n’est pas du tout pareil après Noël. Les équipes se préparent de plus en plus aux séries éliminatoires donc l’intensité monte également d’un cran. Cette hausse d’intensité pourrait avoir raison de Gaudreau s’il n’est pas en mesure de trouver un moyen de poursuivre sa production offensive et lorsque les Flames réussiront éventuellement à se qualifier pour les séries, il devra également prouver qu’il peut être une pièce importante lors du tournoi printanier sinon, les partisans à Calgary vont peut-être l’oublier plus rapidement que prévu.
Dans le cas de St-Louis, il maintient presqu’une moyenne d’un point part match lors des séries avec un total de 83 en 88 rencontres.
Il reste encore beaucoup de chemin à faire pour Gaudreau avant d’obtenir le même statut que le joueur natif de Laval, mais s’il parvient à tirer son épingle du jeu à chaque année pendant une bonne dizaine d’années, il pourrait devenir le nouveau modèle pour les petits joueurs qui tentent de percer dans la LNH lorsque St-Louis aura tiré sa révérence. En attendant, on ne peut qu’apprécier son talent et ce qu’il apporte aux Flames de Calgary.
Crédit photo : Al Charest/Calgary Sun