Dossier Shane Wright : l’exemple qui doit faire changer les choses

Chaque match que le Kraken joue, tout le monde se demande si Shane Wright sera inséré dans la formation et la réponse est souvent, trop souvent, non.

En effet, le choix de 1er tour du Kraken au dernier repêchage n’a pas joué depuis le 23 octobre dernier contre les Blackhawks de Chicago, match où il n’aura joué que 5:51. Je ne reviendrai pas sur la situation entre Wright et le Kraken puisque je l’ai déjà résumé dans un autre billet, mais je veux plutôt m’attarder sur la situation entre la LNH et la LCH.

Pour ceux qui ne ont pas très familiers avec les espoirs, la LNH et la LCH (LHJMQ, OHL, WHL) ont une entente que lorsqu’un joueur provenant de la LCH est repêché par une équipe de la LNH, il n’a que deux options à chaque année pour son année de 18 ans et son année de 19 ans : LNH ou LCH. S’il signe un contrat avec son équipe LNH, il peut jouer sa saison de 20 ans dans la ligue américaine s’il n’est pas encore prêt à jouer dans la grande ligue. Notons que ce n’est pas le cas des joueurs repêchés qui proviennent de l’Europe ou de la NCAA. Lorsqu’ils signent leur premier contrat professionnel, ils peuvent jouer dans la ligue américaine à à partir de 18 ans.

C’est là où la situation de Shane Wright devient intéressante. Il ne semble plus avoir quelque chose à prouver dans la OHL, mais le Kraken ne semble pas croire qu’il est prêt à jouer parmi les 12 premiers attaquants et pourtant, Seattle ne possède pas la plus grande profondeur à l’attaque. C’est là où l’option de la LAH serait parfaite pour Wright.

Évidemment, je peux comprendre les équipes juniors canadiennes qui fonctionnent un peu comme une mini formation professionnelle dans le sens où le but est de développer les joueurs, mais l’aspect monétaire est également très important, même peut-être plus important. Dans la NCAA, les équipes sont affiliées à des écoles donc de perdre un élément important au sein de sa formation et désolant certes, mais je ne crois pas qu’il y ait un impact monétaire majeur. En Europe, les joueurs entre 18 et 20 ans sont rarement les pierres angulaires de leur formation, sauf s’ils sont des talents spéciaux et encore là, dans la majorité des cas, ces joueurs vont débuter leur carrière dans la LNH.

Dans la LCH c’est différent. Il y a la pression d’attirer les partisans dans les arénas afin de faire du profit à la fin de la saison et pour y arriver, il faut avoir des joueurs d’impact, des joueurs pour lesquels on n’hésiterait pas une seconde à acheter des billets pour aller voir jouer. Pour cette raison, il est important pour ces formations que les joueurs retranchés dans la LNH reviennent dans les rangs juniors.

Cependant, cette règle fait en sorte qu’elle nuit à plusieurs joueurs dans leur développement alors que cela devrait être l’élément prioritaire dans tout cela. Prenons l’exemple de Mitch Marner. À sa saison de repêchage, il a récolté 126 points avec les Knights de London. Les Leafs ne l’ont pas gardé à sa première année après son repêchage donc il est retourné faire une autre centaine de points avec les Knights, mais c’est à se demander si cela était vraiment nécessaire. Il aurait pu connaître une année de transition avec les Marlies afin de goûter au hockey professionnel avant de faire le grand saut dans la LNH. Évidemment, Marner est bien établi dans la LNH présentement donc on ne peut pas dire que cette année de plus dans la OHL a ruiné sa carrière, mais je serais curieux de voir où il aurait joué si on lui avait donné le choix entre London et la LAH.

Une exemption pour les joueurs repêchés top 10?

Naturellement, je ne souhaite pas nécessairement que le règlement tombe complètement afin d’éviter que trop de joueurs de 18 ans jouent dans la LAH plutôt que la LCH. Par contre, je pense qu’une exemption pour les joueurs repêchés top 10 ne serait pas une mauvaise idée, puisque ce sont ces joueurs qui sont le plus souvent près de la LNH. Oui, la LCH serait un peu perdante, mais encore une fois, il faut penser au but premier dans tout cela : le développement du joueur parce que dans le dossier Wright, tout le monde est perdant. Le Kraken a une patate chaude entre les mains, Wright ne voit pas beaucoup d’action et Kingston n’a pas plus son attaquant vedette dans sa formation donc cette modification du règlement n’affecterait même pas la formation junior de toute façon.

Toutefois, tant que le développement des joueurs ne sera pas la réelle priorité des circuits juniors canadiens, les chances de voir du changement sont assez minces et encore une fois, c’est difficile de les blâmer.

Crédit photo : USA Today Sports